1888

L’aube est moins claire

L’aube est moins claire, l’air moins chaud, le ciel moins pur ; Le soir brumeux ternit les astres de l’azur. Les longs jours sont passés ; les mois charmants finissent. Hélas ! voici déjà les arbres qui jaunissent ! Comme le temps s’en va d’un pas précipité ! Il semble que nos yeux, qu’éblouissait l’été, […]

Écrit en 1875

à Edmond Lepelletier J’ai naguère habité le meilleur des châteaux Dans le plus fin pays d’eau vive et de coteaux : Quatre tours s’élevaient sur le front d’autant d’ailes, Et j’ai longtemps, longtemps habité l’une d’elles. Le mur, étant de brique extérieurement, Luisait rouge au soleil de ce site dormant, Mais un lait de chaux,

Prière du matin

Ô Seigneur, exaucez et dictez ma prière, Vous la pleine Sagesse et la toute Bonté, Vous sans cesse anxieux de mon heure dernière, Et qui m’avez aimé de toute éternité. Car — ce bonheur terrible est tel, tel ce mystère Miséricordieux, que, cent fois médité, Toujours il confondit ma raison qu’il atterre, — Oui, vous

Ballade

À PROPOS DE DEUX ORMEAUX QU’IL AVAIT À Léon Vanier. Mon jardin fut doux et léger Tant qu’il fut mon humble richesse : Mi-potager et mi-verger, Avec quelque fleur qui se dresse Couleur d’amour et d’allégresse, Et des oiseaux sur des rameaux, Et du gazon pour la paresse. Mais rien ne valut mes ormeaux. De

Sur un reliquaire qu’on lui avait dérobé

Seul bijou de ma pauvreté. Ton mince argent, ta perle fausse (En tout quatre francs), ont tenté Quelqu’un dont l’esprit ne se hausse, Parmi ces paysans cafards, À vous dégoûter d’être au monde, — Tas d’Onans et de Putiphars ! — Que juste au niveau de l’immonde, Et le Témoin, et le Gardien, Le Grain

À madame X… en lui envoyant une pensée

Au temps où vous m’aimiez (bien sûr ?), Vous m’envoyâtes, fraîche éclose, Une chère petite rose, Frais emblème, message pur. Elle disait en son langage Les « serments du premier amour » : Votre cœur à moi pour toujours Et toutes les choses d’usage. Trois ans sont passés. Nous voilà ! Mais moi j’ai gardé

Un veuf parle

Je vois un groupe sur la mer. Quelle mer ? Celle de mes larmes. Mes yeux mouillés du vent amer Dans cette nuit d’ombre et d’alarmes Sont deux étoiles sur la mer. C’est une toute jeune femme Et son enfant déjà tout grand. Dans une barque où nul ne rame, Sans mât ni voile, en

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