Ce feu prenait dans la chair
Et l’aube était son égale
Ce feu prenait dans les mains
Dans le regard dans la voix
Il me faisait avancer
Et je brûlais le désert
Et je caressais ce feu
Feu de terre et de terreur
Contre les terreurs de la nuit
Contre les terreurs de la cendre
Un feu comme une ligne droite
Un feu fatal dans les ténèbres
Comme un pas dans la poussière
Un feu vocal et capital
Qui criait par-dessus les toits
Au feu la mort
Ce feu prenait dans la chair
Ce feu s’en prenait aux chaînes
Aux chaînes et aux murs aux bâillons aux serrures
Aux aveugles aux larmes
Aux naissances infirmes
À la mort que j’avais méchamment mise au monde
Un feu qui s’attaquait aux étoiles éteintes
Aux ailes chues aux fleurs fanées
Un feu qui s’attaquait aux ruines
Un feu qui réparait les désastres du feu
Sans ombres sans victimes
Buisson de sang et d’air
Moisson de cris sublimes
Et moisson de rayons
Dans la fronde d’un hymne
Un feu sans créateur
Derrière lui la rosée
Derrière lui le printemps
Derrière lui des enfants
Qui font croire à tous les hommes
À leur cœur indivisible
À leur cœur immaculé
Un feu clair jusqu’à l’essence
De toutes les formes nues
Un feu clair dans le filet
Des lueurs et des couleurs
Feu de vue et de parole
Caresse perpétuelle
Amour espoir de nature
Connaissance par l’espoir
Rêve où rien n’est inventé
Rêve entier vertu du feu.