De toi depuis longtemps

Année: 1947

Nimes, le 11 mars 1915.

De toi depuis longtemps je n’ai pas de nouvelles
Mais quels doux souvenirs sont ceux où tu te mêles
Lou mon amour lointain et ma divinité
Souffre que ton dévot adore ta beauté
C’est aujourd’hui le jour de la grande visite
Et, tous, mon cher amour nous partirons ensuite
C’est question de jours Je ne te verrai plus
Ils ne reviendront plus les beaux jours révolus

Sais-je mon cher amour si tu m’aimes encore
Les trompettes du soir gémissent lentement
Ta photo devant moi chère Lou je t’adore
Et tu sembles sourire encore à ton amant

J’ignore tout de toi Qu’es-tu donc devenue
Es-tu morte es-tu vive et l’as-tu renié
L’amour que tu promis un jour au canonnier
Que je voudrais mourir sur la rive inconnue

Que je voudrais mourir dans le bel orient
Quand Croisé j’entrerai fier dans Constantinople
Ton image à la main mourir en souriant
Devant la douce mer d’azur et de sinople

Ô Lou ma grande peine ô Lou mon cœur brisé
Comme un doux son de cor ta voix sonne et resonne
Ton regard attendri dont je me suis grisé
Je le revois lointain lointain et qui s’étonne

Je baise tes cheveux mon unique trésor
Et qui de ton amour furent le premier gage
Ta voix mon souvenir s’éloigne ô son du cor
Ma vie est un beau livre et l’on tourne la page

 

Adieu mon Lou mes larmes
tombent
Je ne te reverrais plus
jamais
Entre nous deux ma Lou se dresse
l’Ombre

Et souviens-toi parfois du temps où tu m’aimais

L’heure
Pleure
trois
fois

À treize heures trente
On ira chez le major
savoir si l’on est apte à partir
Ensuite l’on chantera

Prenons-les par le flanc

Rantanplan tire lire.

Garde-moi bien toutes les lettres que tu m’as écrites
Et dont tu n’es que la dépositaire
Tu dois me les rendre quoi qu’il arrive
A moins que je ne meure
Ce qui se peut fort bien
Mon Lou mon Lou chéri j’ai des baisers plein les lèvres
Je t’en mets sur les yeux sur tes cheveux
Fauves partout partout des baisers affolés

Amour en cristal de Baccarat
Amour brisé en mille morceaux
Quel verrier miraculeux
Pourrait te raccommoder

J’entends le vent se plaindre au-dessus des garrigues
Et ronfler la caserne aux cent mille fatigues
Un chien pleure à la mort comme mon cœur saignant
Je perds tout sauf l’honneur ainsi qu’à Marignan

J’ai perdu mes amours Où sont-elles allées
Sont-ce elles dont j’entends les plaintes désolées
Ô tête trop lourde front en feu mes yeux tristes
Ô pourpres avenirs comme des améthystes
Trajectoires de vie que mon cœur va suivant
Comme un obus lancé qui traverse le vent
La nuit est temps propice à celui qui soupire
J’ai goûté le meilleur je vais goûter le pire
Mais je t’aime ma Lou comme on n’a pas aimé
Et quand tu seras vieille Enfant mon cœur mon âme
Souviens-toi quelquefois de moi

FlÈCHE
saignante
LOU M’A PERCÉ le cœur et j’aime Lou
Elle me vient de toi ma Lou
Je porte au cœur une blessure ardente

 

Adieu mon Lou chéri je t’aime infiniment
Si je pars avant de t’avoir revue
Je t’enverrai mon adresse
Et tu m’écriras si tu veux
Adieu mon Lou je baise tes cheveux
Adieu mon Lou Adieu

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