Vous souvient-il, cocodette un peu mûre
Qui gobergez vos flemmes de bourgeoise,
Du temps joli quand, gamine un peu sûre,
Tu m’écoutais, blanc-bec fou qui dégoise ?
Gardâtes-vous fidèle la mémoire,
Ô grasse en des jerseys de poult-de-soie,
De t’être plu jadis à mon grimoire,
Cour par écrit, postale petite oye ?
Avez-vous oublié, Madame Mère,
Non, n’est-ce pas, même en vos bêtes fêtes,
Mes fautes de goût, mais non de grammaire,
Au rebours de tes chères lettres bêtes ?
Et quand sonna l’heure des justes noces,
Sorte d’Ariane qu’on me dit lourde,
Mes yeux gourmands et mes baisers féroces,
À tes nennis faisant l’oreille sourde ?
Rappelez-vous aussi s’il est loisible
À votre cœur de veuve mal morose,
Ce moi toujours tout prêt, terrible, horrible,
Ce toi mignon prenant goût à la chose,
Et tout le train, tout l’entrain d’un manège
Qui par malheur devint notre ménage.
Que n’avez-vous, en ces jours-là, que n’ai-je
Compris les torts de votre et de mon âge !
C’est bien fâcheux : me voici, lamentable
Épave éparse à tous les flots du vice,
Vous voici, toi, coquine détestable,
Et ceci fallait que je l’écrivisse !